Il est courant de dire que l’Éthiopie est un pays qui vit dans le passé. Cette formule, bien que simplificatrice, souligne une réalité singulière : en Éthiopie, une année compte 13 mois. Une particularité qui interroge et fascine. Comment cela se fait-il ? Pourquoi ce choix ? Quels en sont les conséquences ? Plongeons au cœur du temps éthiopien pour percer ses mystères.
Comprendre le calendrier éthiopien : une structure unique
Le fonctionnement du calendrier éthiopien
Au cœur de cette singularité temporelle, nous trouvons le calendrier éthiopien. Il s’agit d’un système de datation basé sur le calendrier copte, lui-même dérivé du calendrier julien antique. Contrairement à notre habituel calendrier grégorien, l’année éthiopienne compte 12 mois de 30 jours et un treizième mois, nommé pagumē, composé de 5 ou 6 jours selon que l’année soit bissextile ou non.
Pourquoi un treizième mois ?
Cette structure a une finalité précise : elle permet d’aligner les fêtes religieuses coptes au même moment chaque année. Ainsi, malgré son apparente complexité, ce système offre une stabilité et une constance notables dans la célébration des événements liturgiques.
Nous comprenons donc mieux la singularité du calendrier éthiopien. Mais d’où vient-il ? Pour le savoir, il est nécessaire de se plonger dans l’histoire de ce pays fascinant.
L’origine historique du calendrier éthiopien
Un héritage antique et religieux
Le calendrier éthiopien tire son origine des anciens systèmes de datation coptes et julien. Mais sa spécificité réside surtout dans un choix effectué par l’Église orthodoxe éthiopienne : celui de ne pas modifier le calcul de l’année de naissance de Jésus-Christ, contrairement à l’Église catholique qui l’a revu en 500 après J-C.
Les conséquences du choix de l’Eglise Orthodoxe éthiopienne
Ce choix a conduit à un décalage entre le calendrier grégorien et le calendrier éthiopien. Ainsi, alors que nous venons d’entrer dans l’année 2022 selon le calendrier grégorien, en Éthiopie nous sommes en 2014 ! Le premier jour de leur année ne correspond donc pas au 1er janvier, mais au 11 septembre (ou au 12 septembre lors des années bissextiles).
Lorsqu’on comprend les origines du système, on saisit mieux sa logique. Cependant, cela soulève une autre question : comment se passe concrètement la vie quotidienne avec un treizième mois ?
Le treizième mois éthiopien : pagumē, un cas à part
Pagumē : un mois pas comme les autres
Le treizième mois éthiopien, nommé pagumē, est un véritable cas à part. Ne comptant que 5 ou 6 jours selon l’année, il constitue une période de transition entre deux cycles annuels. Il symbolise en quelque sorte la fin d’une année et le commencement d’une autre.
Les particularités du pagumē
Au-delà du nombre restreint de jours, ce qui distingue réellement le pagumē des autres mois est son positionnement dans le temps. En effet, il intervient après le douzième mois et juste avant le nouvel an éthiopien qui se célèbre en début de printemps. Ainsi, malgré sa brièveté, il joue un rôle essentiel dans la dynamique temporelle éthiopienne.
Ce treizième mois soulève bien des curiosités. Mais au-delà de cette originalité, quelle influence a-t-il sur la société éthiopienne ?
Les conséquences d’un calendrier décalé dans un monde globalisé
L’influence sur la vie quotidienne
Bien que décalé par rapport au reste du monde, le calendrier éthiopien n’en reste pas moins prégnant dans la vie quotidienne des Éthiopiens. En effet, outre l’organisation des célébrations religieuses et festives, il régit également l’organisation du temps en tranches de 12 heures à partir de 6 heures. De fait, midi et minuit correspondent à 6 heures à l’heure éthiopienne.
La gestion du temps dans un monde globalisé
Dans un monde toujours plus connecté, cette singularité temporelle pourrait être vue comme un obstacle. Pourtant, loin de constituer une entrave, elle traduit l’attachement profond des Éthiopiens à leur culture et à leurs traditions, même dans une ère marquée par la standardisation.
Si les conséquences sont notables au quotidien, elles le sont aussi lors des moments forts qui rythment l’année.
Les traditions et fêtes célébrées selon le calendrier éthiopien
Une harmonie entre les fêtes religieuses et le calendrier
Parmi les nombreuses fêtes célébrées en Éthiopie, certaines occupent une place centrale grâce à leur alignement parfait sur le calendrier éthiopien. C’est notamment le cas de l’Enkutatash, le nouvel an éthiopien qui coïncide avec l’arrivée du printemps et est célébré aux alentours du 11 septembre.
L’avantage d’un treizième mois pour les fêtes
Avec son treizième mois alignant chaque année les mêmes dates pour les fêtes importantes, le calendrier éthiopien apporte une cohérence dans la célébration des événements communautaires et religieux. Un avantage indéniable pour maintenir intactes les traditions ancestrales.
Au-delà des festivités, l’organisation du temps est perçue de façon singulière en Éthiopie.
Le temps en Éthiopie : une perception culturelle singulière
La mesure du temps à l’éthiopienne
En Éthiopie, le temps ne se compte pas comme ailleurs. Ici, la journée commence à 6 heures du matin (heure locale), soit 12 heures à l’heure éthiopienne. Un décalage qui, s’il peut dérouter les étrangers, s’intègre parfaitement dans le rythme de vie local.
L’impact sur le quotidien
Cette spécificité influence fortement la vie quotidienne des Éthiopiens. Que ce soit pour les horaires de travail, les repas ou encore l’organisation des transports, tout est pensé selon cet agencement du temps propre au pays.
Toutefois, comment cette particularité cohabite-t-elle avec les autres systèmes de datation internationaux ?
La cohabitation du calendrier éthiopien avec les systèmes de datation internationaux
Un décalage assumé
Avec un retard de près de 8 ans sur le calendrier grégorien, l’Éthiopie vit à son propre rythme. Une situation qui n’est pas sans poser quelques défis dans un monde globalisé où le calendrier grégorien domine largement.
Une adaptation nécessaire mais respectueuse
Toutefois, malgré ces différences, une cohabitation est possible et se fait dans le respect des particularités de chacun. Qu’il s’agisse du monde des affaires, de la diplomatie ou encore du tourisme, les Éthiopiens ont su adapter leur calendrier unique aux exigences internationales.
Pour finir notre exploration du temps en Éthiopie, rappelons que ce pays a su préserver sa singularité temporelle au fil des siècles. Loin d’être une simple curiosité exotique, le calendrier éthiopien témoigne de l’attachement profond de ce peuple à ses traditions et à son identité culturelle. Une manière de nous rappeler que le temps n’a pas la même valeur partout sur terre.
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